Jeanne Herry

Jeanne Herry débute en tant qu’actrice ; elle passe par le Conservatoire et tourne dans quelques longs et téléfilms.
“C’est très étrange, le jeu ; très mystérieux. J’ai eu la chance d’avoir été formée par de grands maîtres – de grandes maitresses surtout (Catherine Hiegel, Dominique Valadié) – au Conservatoire de Paris, donc j’ai à la fois beaucoup étudié, beaucoup joué, beaucoup regardé les autres jouer, chercher, se tromper et j’ai adoré entendre mes profs analyser leurs efforts. Ça a été un endroit d’apprentissage qui me sert énormément aujourd’hui.”
Elle passe à la réalisation en 2009 avec le court métrage Marcher, interprété par Miou-Miou, que suivra un premier long cinq ans plus tard, Elle l’adore, avec Sandrine Kiberlain et Laurent Laffite. Elle signe par la suite deux épisodes de la deuxième saison de Dix pour cent, avant de mettre en scène son deuxième long, Pupille, avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Elodie Bouchez.

“Je fais généralement peu de répétitions. Par contre, je fais des lectures en tête-à-tête avec chaque acteur. On lit toutes les séquences ensemble et c’est le moment où nous voyons s’il y a des problèmes de texte, une phrase qu’ils ont du mal à dire, un mot avec lequel ils se sentent mal à l’aise. Je suis très attentive à cela parce que je sais, qu’après, on ne reviendra pas en arrière, que c’est vraiment LE texte qu’ils devront apprendre. Je ne transige ni sur la précision, ni sur la ponctuation. Je leur demande de ne pas rajouter de béquilles : des ben, des alors, des en fait… Les ben, les alors, je les ai déjà écrits et je n’en veux pas plus, sinon cela deviendrait de la bouillie… Je demande aux acteurs d’être précis. Voir un acteur improviser ne m’intéresse pas, mon intérêt tombe. Donc, j’essaie de mettre mes comédiens dans de bonnes conditions. Je fais en sorte de créer des espaces de jeu sécurisés pour qu’ils puissent se relâcher et se sentir bien dedans. Je serai profondément malheureuse de travailler autrement… Je “tiens” beaucoup mes comédiens. A tous points de vue. Je leur impose un cadre assez serré puisque je leur demande des efforts de mémoire et de précisions par rapport au texte. Et je les « tiens » aussi dans le sens où c’est moi qui les précipite de la montagne mais qui les retiens aussi par la corde. Je veux qu’ils se sentent bien, je détesterai qu’ils se fassent mal, travailler dans la souffrance ou les tensions. Cela ne veut pas dire qu’on ne rencontre jamais de difficultés.”

“J’adore être sur un plateau, c’est un état très joyeux pour moi, je suis très concentrée mais je m’efforce d’être tout le temps dans une énergie positive parce que cela donne le « la » à l’équipe. Je fais peu de prises. S’il m’arrive d’en faire plus de six ou sept, c’est que l’on cherche et que l’on n’a pas encore trouvé ou que l’on a un problème technique. C’est gai de faire du cinéma !”