Premier film de genre pour Erwan Marinopoulos

Erwan Marinopoulos a coécrit et réalisé son premier long métrage, Kill Ben Lyk, qu’il produit avec Edouard Duprey via leur société commune, Zorg Studios. Retour sur cette aventure meurtrière en huis-clos et en langue anglaise, gros plan sur son nouveau projet.

De quoi traite donc votre premier long, Kill Ben Lyk ?

Kill Ben Lyk est une comédie de genre. Le pitch est simple : en l’espace de 24 heures, trois personne qui portent le même nom se font assassiner. Du coup, la police identifie les huit Ben Lyk toujours vivants habitant à Londres et les rassemble dans une maison placée sous surveillance le temps de comprendre qui essaye de les tuer et pourquoi.
L’idée du film est née de l’envie de trouver un pitch original permettant de s’amuser avec le thème du “whodunit”, une histoire à énigmes en huis-clos, dans la lignée des romans de la reine du crime british, Agatha Christie, tout en s’inspirant du ton de films comme SnatchPetits meurtres entre amis ou Kick-Ass.

Dans les critiques que le film a récoltées, on évoque ainsi souvent un mélange entre Agatha Christie et Guy Ritchie. C’est un huis-clos, mais c’est violent, plein de twists, stylisé à l’image et c’est drôle. Mes inspirations, c’est aussi bien les frères Coen que Quentin Tarantino, Edgar Wright, Guy Ritchie… Kill Ben Lyk est forcément un mix de toutes ces références.
Le rôle principal est tenu par Eugene Simon, qui, pour la petite histoire, joue Lancel Lannister, le cousin de Cersei Lannister, dans Game of Thrones, à partir de la saison 4. C’est un des gros rôles secondaires de la série, ça permet au film de capter l’attention du public.

Kill Ben Lyk sort le 22 novembre 2019 en salles en Angleterre…

Oui. Il sortira également courant janvier aux Etats-Unis sous la houlete de Artist Rights Distribution et devrait sortir dans les salles françaises dans la foulée. Précisons d’ailleurs ici que nous avons comme partenaire TF1 Studio.

Depuis le tournage à l’hiver 2017-2018, et la postproduction qui a été conséquente, nous avons beaucoup voyagé avec Kill Ben Lyk, qui a fait une belle tournée de festivals : le film a enregistré 40 sélections (Fantaspoa au Brésil, le BIFFF à Bruxelles…) et a gagné 17 prix ; ça fait énormément plaisir de voir que le film fonctionne auprès du public dans des pays aussi différents que la Thaïlande, l’Australie, l’Angleterre, le Brésil ou les Etats-Unis.
Avec ce succès en festivals et quelques bonnes critiques sur des médias de référence américains comme le site Bloody Disguting, je suis désormais représenté en tant que réalisateur par un agent aux Etats-Unis. On m’organise des rendez-vous avec des executives de Sony, Fox, Marvel… : ils ont vu mon film et savent que j’existe, c’est (déjà) fou !

Après Kill Ben Lyk, quel est le programme pour Zorg Studios ?

Je développe un film qui a pour titre Bags, que j’ai coécrit avec Jean-Christophe Establet et Olivier Maltman. C’était déjà mes co-auteurs sur Kill Ben Lyk. J’ai envoyé le script à cinq festivals qui organisent des concours de scénarios aux Etats-Unis, on a été sélectionné dans les cinq et on en a gagné deux ! C’est plutôt pas mal vu qu’ils reçoivent entre 1.000 et 3.000 scénarios. Quand tu fais partie des 10 retenus c’est cool, quand tu gagnes c’est encore plus cool !

Que pouvez-vous nous dire au sujet de Bags ?

L’action se déroule à Londres. Tout commence avec une vidéo qui apparaît sur Youtube dans laquelle un mec déclare : “Le week-end prochain, je vais disséminer à travers Londres dix sacs identiques ; la moitié d’entre eux contiendra chacun un million de livres sterling en cash, l’autre moitié contiendra une bombe qui explosera quand on l’ouvrira. Bon week-end !…”
On va suivre le parcours, le road trip dans Londres de deux jeunes Anglais de 25 ans, qui ne sont pas les plus malins ni les plus courageux de la terre, mais qui ont vraiment besoin d’argent et espèrent trouver un sac en rêvant d’une vie meilleure…
Le film aborde des thématiques comme le rapport à l’argent, est-ce qu’on en a vraiment besoin pour être heureux, et les réseaux sociaux. Dans le film, le sac appartient à une instragrameuse très connue, qui vient de lancer ce nouveau modèle. Du coup, elle est partagée entre la pub que ça lui fait (comme la vidéo est très vue, de nombreuses personnes achètent le sac) et le fait de se retrouver malgré elle associée à une entreprise possiblement terroriste, avec des bombes susceptibles d’exploser et de causer de terribles dommages.
Bags est inspiré de films et séries que j’aime bien comme la britannique The End of the F***ing World ou l’allemande How to Sell Drugs Online (Fast) – toutes deux diffusées sur Netflix -, avec une réalisation hyper rythmée et nerveuse.

Bags est semble-t-il en phase de financement…

On est effectivement en recherche de financements. En fait, on se pose la question d’innover dans notre démarche. On songe à adapter dans un premier temps le scénario en fiction audio. Cela permettrait de faire parler de notre projet. Cela permettrait aussi de vraiment rendre compte du potentiel du script et du ton des dialogues, et ainsi convaincre plus facilement les financiers et des distributeurs internationaux. On table pour Bags sur un budget compris entre 1,5 et 2 millions d’euros.

Soyons clairs. Zorg Studios a vocation à produire uniquement des projets écrits et/ou réalisés par Erwan Marinopoulos ?

Lorsque j’ai monté Skits, c’était avant tout pour faire voir le jour à mes projets comme Les Geeks (70 x 4’, NRJ 12, 2011), Roxane, la vie sexuelle de ma pote (40 x 3’, Chérie 25, 2013) ou Templeton (10 x 26’, OCS, 2015). Avec Zorg Studios, la démarche est différente. A côté de mes projets, il s’agit évidemment de produire les films d’autres réalisateurs. D’ailleurs, plusieurs projets portés par d’autres talents sont actuellement en développement.

Pour ma part, et hors Zorg Studios, j’écris une comédie d’espionnage en anglais pour un producteur américain. Dans l’idéal, je voudrais vraiment arriver à faire en parallèle des longs métrages et des séries, en français comme en anglais.

Propos recueillis par Olivier du Jaunet
Publié le 5 novembre 2019.