Le Raïs de Palerme (ex Le Dernier Raïs)

Cinéma

Budget : 3 M€

Stade : Développement

Lieux de tournage : France, Italie


Réalisation
  • Julien Paolini
Scénario
  • Julien Paolini
  • Syrus Shahidi
  • Samy Baaroun
Production
  • La Réserve
Partenaire(s)
  • Cinemed (Bourse d'aide au développement) (2021)
Acteurs
  • Syrus Shahidi

Synopsis

À Palerme coucher avec une femme mariée peut coûter cher. Surtout celle d’un homme de la pègre sicilienne. Cyril entraîne son frère et leur clan de corsaires dans l’impasse. Seul capitaine non sicilien de la Cosa Nostra, Brahim surnommé “Le Raïs” était sur le point d’être promu après vingt ans de bons et loyaux services. Il doit maintenant choisir entre tuer son frère ou sacrifier le rêve d’une vie.

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Les dernières volontés de sa mère contraignent Cyril à rendre visite à un père démissionnaire pour hériter d’un lopin de sa terre natale en Sicile. Il découvre un homme troublant à la tête des sauvetages en mer des migrants. Celui que ses hommes appellent “Le Raïs” a des comptes à rendre à la pègre. Mais un coup d’état se prépare. Et l’arrivée de son fils va précipiter ses plans…

Note d’intention
L’histoire de la Méditerranée est l’histoire de migrations permanentes. Appelée autrefois “la mer du Milieu”, ce carrefour des civilisations est le berceau de la multi-culture moderne. Tous les trois fils d’immigrés, nous sommes issus de la deuxième génération. Nos films racontent une société qui pourrait grandir en assumant sa multi-identité pour en faire sa force dans un monde en perte d’humanité. L’Italie, pays de mon enfance, m’a toujours fasciné par ses contrastes. Ses beautés n’y ont d’égal que ses tourments. En Sicile, les uns comme les autres s’y trouvent exacerbés. Porte de l’Europe, l’île est un point de rencontre fantastique avec le reste du monde. Tout comme l’Europe avec ses migrants africains, les frères Abouali, Siciliens d’adoption, cultivent les occasions manquées de grandir ensemble des différences de l’autre. Avec Amare Amaro, nous avons voulu raconter le combat d’un fils pour ses valeurs sur une terre d’origine hostile. Comme un deuxième volet, Le Raïs de Palerme narre comment les mécanismes archaïques de l’assimilation vont pousser les derniers “bandits d’honneur” de la Méditerranée à l’insurrection. Le Raïs et ses hommes sont des mafieux pas comme les autres. Ces mercenaires tannés par le soleil et seuls qui ne sont pas natifs de l’île. Le clan traite au nom des Siciliens avec les frères, les pères et les fils qui comme eux ont franchi un jour la mer par désespoir. Brahim, leur chef, en porte les contradictions. Voyant vingt ans de bons et loyaux services piétinés, le Raïs (un terme qui désigne le pêcheur de thon en Sicile et le chef de clan au Maghreb) réalise soudain qu’il ne sera jamais intégré. Son assimilation n’était qu’une forme d’asservissement. Ses valeurs fraternelles pour briller au drapeau n’ont pas d’autre choix que l’insurrection.
Une célèbre légende sicilienne bien connue de la mafia a inspiré la trame : les Beati Paoli. Au XIIème siècle une poignée d’encapuchonnés avait décidé d’agir dans l’ombre contre les puissants. La bande redistribuait les richesses en se cachant dans le réseau secret des catacombes de Palerme. Mais ce que la légende ne dit pas, c’est que suite au succès de leur entreprise le groupe finit par rejoindre les rangs de ces mêmes puissants. Les encapuchonnés partageaient la volonté de justice de la bande du Raïs, mais se sont heurtés comme Brahim aux affres du pouvoir. Mais le Raïs a choisi l’insurrection. À Palerme, les récits d’Homère côtoient les légendes urbaines. 70 ans d’une histoire violente ont fait de la mafia le parent sulfureux et incontournable de ses histoires. Toto Riina le Corleonais a brûlé ce qu’il restait d’honneur chez la Cosa Nostra à coups de centaines de meurtres abjects, ne laissant derrière lui plus aucune forme de nostalgie ou de respect. L’État italien n’a cessé de se montrer aussi lâche et individualiste que la mafia elle-même, travaillant souvent avec les mafieux. La mafia sicilienne, symbole du “banditisme d’honneur”, naît, comme les Beati Paoli, de la volonté d’aider le peuple sicilien à survivre dans un contexte défavorable d’une île laissée-pour-compte du pays. Comme Mussolini qui conquit les Italiens par le socialisme, la Cosa Nostra a conquis les Siciliens par ses valeurs populaires et ses codes d’honneur. Elle s’est revendiquée des Beati Paoli pour justifier ses agissements. Mais les Siciliens d’aujourd’hui contrairement à leurs grand-parents ne sont plus dupes. Les nouvelles générations cultivent un esprit profondément anti- mafieux qu’incarne le clan Raïs. Avec Le Raïs de Palerme, nous souhaitons questionner les mécanismes de l’intégration, ces fantômes qui hantent nos géniteurs, à travers un film de genre porté par des personnages haut en couleur. Il reprend les codes du film de gangsters pour un thriller haletant, avec ses scènes d’action et ses ambiances crépusculaires. En contraste, la poésie omniprésente du sud de l’Italie conserve l’espoir du triomphe de l’humanité face à ses dérives. “Le Raïs de Palerme comme Amare Amaro est un opéra”, dit joliment le critique Pierre Murat. Une mise en abîme de nos propres contradictions. Un univers, celui des plages abandonnées et des côtes sales de la grande ville, qui a été peu raconté au cinéma et que le précédent film a exploré. Parce que le système broie les coeurs purs, parce que sans le pouvoir et l’argent, le changement social est un idéal impossible, l’unité dans le monde moderne demanderait bien des sacrifices personnels. Jusqu’où chacun d’entre nous serait-il prêt à aller au nom de l’être humain ?